Les douze mesures du programme lancé mi-septembre, le passage en force figure en première position. C’est dire l’importance accordée à cette règle innovante sur un terrain de rugby, mais depuis longtemps pratiquée au handball et au basket.
Dans ces deux disciplines, elle contraint à la quête d’espaces et au jeu d’évitement. C’est exactement le but de la manœuvre engagée par la FFR, comme le toucher deux secondes ou les formes de jeu à effectifs réduits. Et la sécurité des joueurs s’en trouve fortement renforcée.
Moins de commotions, plus de jeu aéré, un ballon vivant, l’esprit de cette règle reflète à merveille les préoccupations fédérales sur le jeu de demain. « Du programme Rugby #BienJoué, c’est sans doute la mesure la plus réformatrice », tranche Dominique Coquelet, président de la Ligue Pays de la Loire, une des deux zones test avec l’Occitanie de cette petite révolution dans les écoles de rugby.
Petit rappel de la dite règle par Didier Retière, Directeur technique national : « Un joueur porteur du ballon ne peut pas percuter volontairement un adversaire arrêté. Tous les mots ont leur importance.Si le défenseur n’est pas complètement arrêté – un pas chassé peut suffire –, il est considéré en mouvement et il n’y a pas passage en force. » Le DTN note aussi une autre particularité de la mesure : « Il n’est fait aucune référence au gabarit du joueur, à la vitesse ou l’intensité du contact. Un petit joueur peut tout aussi bien être sanctionné d’un passage en force. Et la règle ne s’applique pas qu’au jeu courant. Sur une mêlée ou même surun pick and go, il peut y avoir passage en force si le défenseur bouge. » Un coup franc sera alors sifflé sans possibilité de prendre une mêlée.
Réservée aux écoles de rugby (avec un test réalisé avec les sélections nationales U16 et U17 en compétitions interpoules), cette règle a aussi pour ambition d’en finir avec les pénibles rushs en solitaire de joueurs dominants qui jouent aux quilles avec leurs frêles adversaires. « Ce joueur doit désormais entrer dans une démarche de coopération, comprendre les situations de jeu, apprendre àfaire des passes, à faire jouer derrière lui.Ça demande aussi un peu de patience à nos éducateurs. Leur travail aujourd’huin’est pas de gagner des tournois, mais de faire progresser l’ensemble de leurs joueurs », rappelle Didier Retière.
L’un des Conseillers techniques de club qui appliquent déjà la règle, Axel Poulain, en constate les vertus en quelques semaines : « Ce n’est pas une nouvelle règle,c’est une adaptation au temps, à l’espace ;l’enfant réfléchit. Je trouve ça très intéressant. » Il doit maintenant faire passer le message… en douceur.